À Paris, bienvenue dans le premier hôtel zéro plastique

L’hôtel Best Western Opéra Liège va remplacer dès le 1er février les dosettes de cosmétiques, les bouteilles et tous les plastiques à usage unique par des produits plus écologiques. Un pari osé, mais qui pourrait bien payer.

Un shampoing-baume et un savon solides, ainsi que de l'huile hydratante dans un flacon en verre : voici le nouveau kit beauté sans plastique de l'hôtel. (Crédit : Racing for the Oceans).

Un shampoing-baume et un savon solides, ainsi que de l’huile hydratante dans un flacon en verre : voici le nouveau kit beauté sans plastique de l’hôtel. (Crédit : Racing for the Oceans).

Où diable se trouve le shampoing ? En pénétrant dans leur salle de bain, certains clients de l’hôtel Best Western Opéra Liège, à Paris, paniqueront peut-être quelques instants. Dès le 1er février, cet hôtel 4 étoiles va bannir les petits flacons de cosmétiques traditionnellement mis à disposition dans les hôtels du monde entier.

À la place, les clients trouveront des shampoings savonnettes solides, sans emballage, ainsi que de l’huile hydratante dans un flacon en verre rechargeable. Une petite révolution dans le monde de l’hôtellerie, d’autant que le projet de l’établissement parisien va plus loin : le Best Westen Opéra Liège se veut le premier hôtel français « zéro plastique » à usage unique.

« 15 500 nuitées sont réservées dans l’hôtel chaque année, soit une quantité énorme de flacons et autres plastiques souvent jetés sans même avoir été utilisés », souligne Marine Pescot, l’une des instigatrices de ce projet.

Les brosses à dents offertes à la demande sont en bambou, le dentrice est en pastille. (Crédit : Racing for the Oceans).

Les brosses à dents offertes à la demande sont en bambou, le dentrice est en pastille. (Crédit : Racing for the Oceans).

BOUTEILLES EN VERRE ET BROSSE À DENT EN BAMBOU

L’aventure commence en 2019 quand son ami skipper Benoît Formet se lance dans une mini-Transat à la voile. Marine Pescot, alors dans le marketing digital, l’encourage à trouver des sponsors prêts à s’associer à une cause fédératrice : la lutte contre le plastique. Ils contactent celui qui est à l’époque directeur de l’hôtel, Charles-Etienne de Corson. Banco, le patron signe… et demande aussi aux deux trentenaires de faire de son établissement le premier hôtel zéro plastique. Depuis, le duo se consacre à plein temps à ce projetet à la recherche d’alternatives au plastique.

Dans les chambres, les bouteilles ont été remplacées par des bouteilles en verre remplies d’eau filtrée ; les sacs-poubelle par des sacs en amidon de maïs, les cartes magnétiques par des clés en noisetier. Et les habituels accessoires – kit de couture, coton, dentifrice, brosse à dent – ne seront offerts qu’à la demande, à l’accueil, dans des matières écologiques.

Quelques changements aussi au menu du petit déjeuner : les capsules Nespresso laissent place à des capsules biodégradables, les sachets de thé seront désormais en papier. Adieu mini-doses de Nutella : la confiture bio sera distribuée dans des bocaux en verre. Finis chips et Snikers dans le mini-bar : à la place, des chocolats offerts dans une boite en carton.

Les cartes magnétiques de l'hôtel, en bois, ne coûtent que quelques centimes de plus que leur équivalent en plastique. (Crédit : Racing for the Oceans).

Les cartes magnétiques de l’hôtel, en bois, ne coûtent que quelques centimes de plus que leur équivalent en plastique. (Crédit : Racing for the Oceans).

LE PLUS DUR, CHANGER LES HABITUDES

Une conversion qui a un coût bien sûr, quelques centimes de plus par produit globalement. « À moyen terme, et sur des gros volumes, cela devient rentable », précise toutefois Marine Pescot. Qui ajoute : « Le plus difficile est de changer les habitudes, ce qui peut prendre un peu de temps ». Le personnel de l’hôteldevra par exemple s’habituer à remplir, nettoyer et porter les bouteilles d’eau en verre dans les chambres.

Mais, en matière d’image, ce projet très « green » semble porteur : il a déjà convaincu plusieurs clients « corporate » de réserver des chambres dans les mois à venir. Le nouveau patron de l’hôtel, Stanislas Wargny, qui s’est lui aussi enthousiasmé pour cette conversion, espère d’ailleurs le répliquer dans ses six autres hôtels parisiens.

Devançant la législation qui interdira en 2021 pailles, touillettes ou couverts jetables, puis tout le plastique à usage unique d’ici 2040, d’autres établissements seraient aussi intéressés par l’expertise de Marie et Benoît – qui ont depuis fondé une agence de conseil en transition écologique, Racing for the Oceans.

Quant aux clients, qu’ils se rassurent : testés par nos soins, les savons et shampoings solides – qui peinent parfois à mousser et emmêlent les cheveux – sont ici de bonne qualité et ne vous feront point regretter les cosmétiques en plastique.

Alice Pouyat – Wedemain

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