La gestion des bagages a toujours été une source de stress. Aussi, des start-up se proposent d’en décharger les voyageurs avec des services de consigne et de transfert.
Les start-up sont souvent assimilées à l’innovation technologique mais l’innovation peut aussi nicher dans le service. C’est le cas de jeunes pousses qui ont investi depuis quelques années le secteur de l’industrie du voyage en s’attaquant à un problème récurrent : les bagages. Qu’en faire entre deux avions ? Comment éviter de les traîner partout avant de les confier au réceptionniste de l’hôtel ?
Le représentant le plus connu de cette famille s’appelle NannyBag. Lancée il y a plus de deux ans, cette start-up se propose de déposer ses bagages au sein d’un vaste réseau de partenaires, composé d’hôtels et de commerces de proximité de toutes sortes, sociétés de location de vélo, magasins de vêtements, de souvenirs ou de produits du terroir.
Les commerçants monétisent leur arrière-boutique et créent du trafic susceptible de générer du chiffre d’affaires additionnel. Pour le voyageur, il suffit de renseigner en ligne sa localisation, les dates et heures de dépôt et de retrait puis de choisir sur la carte la « nanny » la plus proche. La tarification est simple : 6 euros par bagage pour 24 heures puis 4 euros par jour supplémentaire.
Avec un réseau de 1 300 partenaires dans 150 villes et une quinzaine de pays, NannyBag a déjà gardé entre 200 000 et 250 000 valises depuis sa création. Londres représente sa principale destination après Paris. La start-up a passé des partenariats avec AccorHotels, Louvre Hotels ou HOP ! Air France. Elle est aussi en discussion avec le réseau de franchise Mail Boxes Etc. (impression, expédition de colis…) – ce qui pourrait lui assurer une forte amplitude horaire -, et avec Carlson Wagonlit. Une assurance spécifique négociée avec Axa couvre le vol, la perte ou la casse à hauteur de 1 500 euros par bagage confié.
Surfer sur la mode du « bleisure »
Si le cœur de cible de NannyBag est aujourd’hui constitué des adeptes d’Airbnb (40 % de sa clientèle), elle souhaite développer la population des voyageurs d’affaires (15 %). Son PDG et cofondateur, Matthieu Ballester, entend s’inscrire dans la tendance du « bleisure », mot valise associant business et leisure (loisirs) : « La plupart du temps, le professionnel souhaite prolonger son séjour à titre individuel. Son rendez-vous d’affaires se termine à 16 h mais son avion ne décolle qu’à 23 h. Entre temps, il veut profiter de son temps libre. Plus généralement, notre objectif est de décharger le voyageur d’affaires de ses bagages avant le check-in et après le check-out »
Nannybag travaille dans ce sens sur une offre BtoB à destination des travel managers qui gèrent une flotte de commerciaux et d’ingénieurs d’affaires. Matthieu Ballester cite Axa, Accenture ou KPMG comme exemples d’entreprises susceptibles d’être intéressées. NannyBag réfléchit à un package de prestations sous forme d’abonnement. Elle mettrait aussi à disposition des entreprises une plateforme dédiée en marque blanche pour le travel manager ou le salarié lui-même. NannyBag est à la recherche d’une entreprise test pour roder le concept puis le dupliquer.
Qui dit clientèle professionnelle dit aussi services sur mesure. Les lieux de consigne offrent déjà tous le wifi et les toilettes et les hôtels proposent un accès gratuit à leur lounge. Les voyageurs d’affaires pourraient aussi se voir proposer la possibilité de prendre une douche.
NannyBag n’est pas la seule startup sur le créneau de la consigne. Holibag et Bagbnb s’appuient également sur un réseau de commerçants et At The Corner sur des hôtels partenaires. De son côté, City-Locker a fait le choix de consignes automatisées et accessibles sept jours sur sept.
Un concierge à la sortie de l’aéroport
L’autre grande famille de start-up va un cran plus loin en assurant en plus de la consigne, le transfert des bagages jusqu’à l’hôtel ou l’appartement Airbnb. Le chef de file a pour nom Eelway, qui a levé en avril dernier 1,6 million d’euros, notamment auprès de Bpifrance. Eelway défriche en France ce concept de transfert de bagages, déjà populaire en Asie, et plus particulièrement au Japon. Incubée au Welcome City Lab by Paris&Co, la start-up a déjà transporté 50 000 bagages depuis sa création en mars 2016. Après avoir ouvert à Paris et Lyon, elle entend rapidement couvrir une quinzaine de villes en France avant de mettre le cap sur l’international en 2019/2020. Ses tarifs démarrent à dix euros pour le stockage et à une trentaine d’euros pour un transfert.
Pour Eelway, l’objectif est de répondre au problème des voyageurs bloqués aux entournures par leurs bagages les jours de départ et d’arrivée. La société n’assure pas elle-même la logistique mais fait appel en sous-traitance à une cinquantaine de livreurs, professionnels de la livraison ou concierges auto-entrepreneurs. Tous les bagages sont scellés avec un numéro unique, couverts par une assurance (jusqu’à 1 000 euros).
Pour son PDG et co-fondateur Fabien Cœur-Uni, « Eelway est avant tout une plateforme technologique qui coordonne des prestataires ». Une plateforme qui se greffe en outre sur les systèmes d’information des transporteurs afin d’être informés des retards, des mouvements sociaux. Avec la levée de fonds, Eelway entend développer toute une gamme de services au-delà de la consigne et du transfert. Elle propose déjà la livraison de bagages à l’étranger et récupère les valises directement sur les tapis roulants des aérogares de Paris et bientôt de Lyon. La start-up teste aussi l’enregistrement des bagages à domicile.
A l’image de NannyBag, Eelway, qui a déjà séduit un public BtoC, souhaite maintenant mettre l’accent sur la population des voyageurs d’affaires. « Il s’agit de leur enlever une part de stress, de peur de l’imprévu en instaurant un climat de confiance », avance Fabien Cœur-Uni. Pour cela, il compte mettre à disposition son outil de suivi bagages à destination des hôtels, des tour operators, des agences de voyages d’affaires (TMC), puis des grands comptes. Eelway a déjà noué des partenariats avec la SNCF pour les TGV internationaux et avec le groupe AccorHotels.
Sur ce créneau du transfert, les acteurs sont moins nombreux. On peut citer des prestataires régionaux comme Deliverbag sur Bordeaux et le département de la Gironde. Lancés quelques années plus tôt, les services Bagengo et Navibag semblent, eux, avoir disparu des radars.
Une start-up rémunère les voyageurs qui transportent des colisConcept original que celui proposé par LivingPackets. Cette start-up nantaise entend révolutionner la livraison express de colis en s’appuyant sur le flux quotidien de voyageurs. Les voyageurs qui acceptent de transporter les paquets de ses clients se voient rémunérer pour cette prestation. Pour sécuriser le transfert, LivingPackets a mis au point un bagage ultra-connecté et sécurisé qui permet au client de suivre la livraison en temps réel. |