La Cité internationale de la gastronomie prend ses quartiers à Lyon

Entièrement rénové, le Grand Hôtel-Dieu accueillera à l’automne la Cité internationale de la gastronomie sur 4000 m2 et trois étages. Au menu: ateliers, expositions et démonstrations de chefs étoilés venus du monde entier. Les chefs suisses sont attendus

Capitale française de la gastronomie, Lyon vient de vivre deux événements majeurs. Le premier fut ce mercredi la finale du Bocuse d’or, sorte de Coupe du monde de la cuisine qui se déroule tous les deux ans et qui rassemble 24 pays. Le trophée a été remporté par le Danemark. La Suisse, emmenée par le chef lucernois Mario Garcia, a fini cinquième. Le second a eu pour cadre majestueux mardi le Grand Hôtel-Dieu, bâtiment des XVIe-XVIIIe siècles, qui a bénéficié de la plus grande opération de rénovation privée d’un monument historique en France. Fin septembre, l’édifice abritera sur les rives du Rhône la Cité internationale de la gastronomie.

Gérard Collomb, ex-ministre français de l’Intérieur redevenu maire de Lyon, a rappelé qu’en 2010 le repas gastronomique des Français avait été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. «Un Français passe plus de deux heures par jour à table, c’est un record mondial. Lyon, la ville de Paul Bocuse, des mères Brazier et Fillioux et des frères Troisgros, se devait de célébrer cet art de vivre», a déclaré l’édile. Le choix s’est porté sur le Grand Hôtel-Dieu, où Rabelais a exercé la médecine et tissé un lien entre alimentation, santé et hospitalité. En tout, un espace de 4000 m2 sur trois étages. De la préhistoire à nos jours, comment a évolué l’alimentation? Que mange-t-on ailleurs dans le monde? Quels sont les savoir-faire de tous les métiers culinaires? Voilà quelques questions auxquelles la Cité répondra avec des ateliers, des expositions, des cours et des démonstrations faites notamment par des chefs étoilés venus du monde entier.

«La Suisse sera conviée»

Au menu, entrée par le petit dôme puis le «Banquet», espace lumineux où l’histoire de la gastronomie lyonnaise sera mise à l’honneur avec les silhouettes de cuisiniers emblématiques. «Notre territoire environnant recense 39 000 exploitations agricoles et 80 AOC, on y privilégie les circuits courts de consommation et les productions biologiques, la Cité va refléter cet écosystème», rappelle Gérard Collomb. Une série d’objets seront présentés, comme le piano de Paul Bocuse (décédé il y a un an), des menus, recettes mythiques, films.

Le défi sera de prouver au grand public que santé et plaisir peuvent se marier dans l’assiette, même dans celle de tous les jours-Régis Marcon, chef triplement étoilé

A l’étage, l’ancienne apothicairerie de l’hôpital a été restaurée et une projection au plafond mettra en lumière herbes et épices qui jadis soignaient et continuent à le faire. Salle des archives, des tablettes tactiles permettront d’approfondir des thèmes comme l’alimentation durable, la lutte contre le gaspillage, le bien-être animal, la justice alimentaire. Au dessus, un gastrolab, espace de coworking (cuisine moléculaire, agrotechnologie…), et une gastroludothèque, ou espace «MIAM MIAM», pour que les petits mais aussi les grands comprennent les cycles de l’alimentation du produit à la consommation dans le but de promouvoir une nourriture saine.

Au niveau supérieur, deux salles vont proposer des expositions temporaires et des démonstrations culinaires avec dégustation en fonction des spécialités des régions et des pays invités. Le premier grand chef en résidence sera un Japonais. «La Suisse sera conviée», nous dit-on. On n’oublie pas ici que Franck Giovannini, à la tête de l’Hôtel de Ville à Crissier, a obtenu le Bocuse de bronze en 2007. Le triplement étoilé Régis Marcon, qui préside le comité d’organisation stratégique, confie: «Le défi sera de prouver au grand public que santé et plaisir peuvent se marier dans l’assiette, même dans celle de tous les jours.» La Cité internationale de la gastronomie sera ouverte sept jours sur sept (prix d’entrée: 12 euros, 24 euros pour déguster les plats des chefs). Trois cent mille visiteurs sont attendus dès la première année.

Christian Lecomte- Le Temps