Les grandes chaînes hôtelières atteintes de panurgisme

Souvenez-vous de la fin du porno : il avait fallu 4 ans à Hilton pour rattraper ce que Marriott avait annoncé en 2011. Voir cet article : Hilton et le (pognon du) porno, c’est fini !.

Sur ce sujet « chaud », le puritanisme de la société américaine les y avait poussées. Pas de démarche volontariste ni de conviction !

Pourtant le porno n’a pas d’impact sur le réchauffement climatique et certaines chaînes hôtelières le laissent en accès gratuit.

Les pailles en plastique

On se souvient de l’épisode récent (mai 2018) des pailles en plastique dont Hilton avait été la première à annoncer cesser de les utiliser à l’échelon mondial, presque contrainte par l’actualité et les images choc.

Ensuite, une par une, les autres chaînes avaient transmis aux rédactions leur communiqué de presse. On a bien compris que l’écologie n’était pas vraiment le plus important. Il fallait juste éviter d’être ringard.

Rebelote avec les mignonnettes de produits d’accueil

Courant août 2019, la chaîne IHG fut la première à dégainer avec un communiqué : Fin des échantillons dans les salles de bain d’hôtel : le groupe IHG® opte pour des produits grand format. A force d’entendre parler de plastique aux 4 coins des océans et même sur la banquise, il devenait plus qu’urgent de suivre le mouvement planétaire…

Depuis Marriott a suivi et on pourrait presque dire que leur service de presse est plus performant que celui d’IHG tant la couverture médiatique côté grand public est meilleure. On attend les communiqués des autres chaînes…

N’y voyez pas une quelconque conviction profonde, mais juste un moyen de continuer à faire son business.

Il ne manque pourtant pas d’hôteliers indépendants qui ont abandonné le plastique jetable depuis des années, par conviction pour beaucoup, pas intérêt économique pour d’autres. Parmi eux, il y en a même qui osent proposer des produits locaux. Les fourbes !

Y avait-il moyen de faire autrement ?

En fait, si les grandes chaînes avaient fait un communiqué commun (et un peu plus tôt) en disant « chez nous, plus de pailles » ou « chez nous, plus de mignonnettes de shampoing« , elles auraient démontré au public que l’industrie hôtelière, à minima les signataires, joue son rôle social et participe de manière globale aux problèmes de l’écologie.

En faisant ça, les récalcitrants seraient vraiment passés pour les ringards qu’ils sont sur ce sujet.

En faisant ça, les chaînes hôtelières auraient fait passer le message à leurs clients :

on a les mêmes préoccupations que vous

En faisant ça, les chaînes hôtelières auraient fait passer le message à leurs clients :

y’a pas qu’Airbnb qui est dans l’air du temps

En faisant ça, les chaînes hôtelières auraient fait passer le message à leur personnel et surtout à leur futures recrues :

on a les mêmes préoccupations que vous alors venez nous aider à nous améliorer

Dans un contexte de pénurie de personnel, il va peut être falloir se creuser les méninges pour attirer les jeunes !

Et la clim ?

Pas moyen pour un hôtelier craintif de se passer de la climatisation, y compris dans des destinations modérées. La pression des clients est forte…

Pourtant, là aussi, les architectes savent construire des immeubles et habitations où la température se régule facilement, sans une débauche d’énergie en saisons froide ou chaude : ça s’appelle l’inertie thermique.

Il ne manque pas non plus de méthodes de refroidissement infiniment moins énergivores que la climatisation.

La question qu’on peut donc se poser est : quelle chaîne hôtelière va dégainer sur ce sujet ?

Conclusion

Le club des grandes chaînes hôtelières démontre une nouvelle fois que c’est un vrai panier de crabes qui se contentent d’aller piquer dans la pince du voisin alors que le monde est assez vaste pour travailler ensemble sur des sujets clés et exprimer ses différences sur les autres sujets.

Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles…

Guilain Denisselle- Tendance Hôtellerie