La France est restée la première destination touristique mondiale pour le nombre d’arrivées en 2018 mais côté recettes, les Etats-Unis dominent avec 214 milliards de dollars, loin devant l’Espagne. Nombre de touristes d’Europe du Nord ne font que traverser la France l’été.
C’est un paradoxe national. La France reste « la première destination touristique mondiale » pour la fréquentation ( 89,4 millions de visiteurs étrangers en 2018, +3 % sur un an ), mais elle n’occupe que la troisième place en termes de recettes, avec 67 milliards de dollars (56,2 milliards d’euros) en 2018.
Loin derrière des Etats-Unis (214 milliards de dollars pour 80 millions de touristes) et l’Espagne (74 milliards pour 83 millions de touristes), selon les données de l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT).
La France, pays de transit
Comment expliquer ce décalage ? « Cette moindre performance s’explique par le fait que les dépenses moyennes par visiteur sont plus faibles en France qu’en Espagne ou aux Etats-Unis », soulignent les députés Marguerite Deprez-Audebert (Modem) et Didier Martin (LREM), dans un rapport d’information publié cet été .
De plus, ces dépenses se concentrent surtout sur juillet et août. Or, nombre de touristes d’Europe du Nord (de 15 % à 20 % selon l’Insee) ne font que traverser la France l’été, pays de transit sur la route qui mène à leur destination finale. « Ils restent une nuit, dépensent peu et leur principal budget est celui du carburant et des péages », observe Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision chez Xerfi, institut d’études économiques privé.
Dépense moyenne, 260 euros en 2017
Autre problème : « La France peine à retenir ses voyageurs : la durée de séjour est globalement faible et stagne à 6,7 jours en 2018, soit le même niveau qu’en 2017 », regrettent Marguerite Deprez-Audebert et Didier Martin. Ainsi, 43 % des séjours effectués par des touristes internationaux étaient de « courts séjours », c’est-à-dire entre une et trois nuits.
Une donnée qui pénalise la France, y compris en Europe. Plus de la moitié (58 %) des nuitées passées par des non-résidents dans l’Union européenne en 2017 l’a été en Espagne, au Royaume-Uni, en Italie… la France n’arrivant qu’ en quatrième position , pointe Eurostat.
Pour un visiteur étranger, les dépenses moyennes (hors coût de transport depuis le pays d’origine) dans le pays de Molière s’établissaient à 260 euros en 2017. Un chiffre qui reflète à la fois la dépense moyenne des « excursionnistes » (visiteurs dont le séjour ne comporte aucune nuitée, NDLR) ou des voyageurs en transit et celle des « touristes » (visiteurs qui passent au moins une nuit dans le pays). La dépense moyenne varie de 53 euros pour un excursionniste à 551 euros pour un touriste.
Trois profils de visiteurs
Dans une note consacrée aux « Services de voyage en 2017 », la Banque de France a identifié trois groupes distincts. Le premier, constitué principalement de ressortissants de la Chine et du Japon, avec des dépenses de l’ordre de 1.500 euros (hors transport) lors du séjour.
Le deuxième groupe correspond à « des provenances lointaines ainsi qu’à l’Afrique du Nord » (Etats-Unis, Australie, Brésil, Canada, Russie, Algérie, Maroc) avec des dépenses comprises entre 500 et 1.000 euros.
Un troisième groupe enfin, composé en majorité de visiteurs « provenant de pays proches » (Allemagne, Belgique, Italie, Espagne, Pays-Bas, Portugal, Luxembourg, etc.), avec des dépenses inférieures à 500 euros. L’an dernier, 70 des 89,4 millions de touristes venus en France étaient Européens.