Pour ses 40 ans, le zoo parc a érigé un immense dôme équatorial qui réservera dès samedi aux visiteurs l’occasion de s’offrir une immersion totale dans une forêt riche de 200 espèces rares.
Le zoo parc de Beauval n’en finit plus de prospérer. Deux ans et demi après la naissance triomphale d’un panda géant sur les lieux et onze mois après l’installation d’une télécabine électrique traversant cette savane du Val de Loire, le dôme équatorial, fièrement érigé sur l’aile ouest du parc, s’impose comme une valeur ajoutée. «C’est sans conteste le projet le plus fou du parc à ce jour», assure Rodolphe Delord, le président-directeur général. Après avoir «dessiné les plans lors d’un voyage en avion» et procédé à six mois d’étude avec un architecte agréé, le fils de la fondatrice a investi 40 millions d’euros dans la construction d’une structure monumentale couvrant un hectare de terrain et s’élevant à 38 mètres pour reconstituer une forêt équatoriale au cœur des châteaux de la Loire.
Trente mois de travaux de plusieurs entreprises locales auront été nécessaires pour faire aboutir le projet. L’objectif n’était pas seulement d’offrir aux visiteurs la possibilité de passer quelques heures sous les tropiques. «L’idée était de réunir les espèces d’un même biotope dans une serre bioclimatique adaptée à leur bien-être, et de favoriser l’émerveillement du public afin de le sensibiliser à la conservation de la forêt tropicale», précise Rodolphe Delord. Expérience unique, en effet, que de pénétrer sous cette bulle d’acier et de verre, recouverte de 15 000 m2 de vitres orientées automatiquement selon quatre types de traitements solaires et chauffée à 26 degrés. Dans le tunnel qui mène à la serre, crapauds mousses, dendrobates et axolotls font office de comité d’accueil.
2 000 arbres ont été plantés en même temps que les premiers piliers
Le voyage, prévu pour faire deux fois le tour de la ligne équatoriale, commence en Amérique du Sud où règne en maître le plus grand groupe européen de lamantins des Caraïbes. C’est l’une des espèces phares de Beauval et ceux par qui tout ce projet a commencé. «Mon premier souhait était de leur offrir un bassin plus moderne et plus grand, car nous sommes les seuls à assurer leur reproduction en fonction d’un programme d’élevage géré par le zoo de Nuremberg», explique Rodolphe Delord. Dans cet espace aquatique de 23 mètres de long – l’équivalent de 30 piscines -, chauffé à 28 degrés et filtré en permanence, six lamantins ont emménagé dont deux femelles en gestation. Un mois après leur arrivée, le premier bébé, un beau mâle de 26 kg, y a vu le jour et le deuxième est attendu pour bientôt. Désormais, une dizaine de ces «vaches de mer» mesurant jusqu’à 4,5 mètres et pesant jusqu’à 1,5 tonne, partagent leur bain (et leur salade) avec quelques tortues et poissons sous les yeux attendris des visiteurs et ceux, plus distraits, des ibis roses qui se déplacent librement entre les arbres de la grande serre.
Car la verdure, ici, est plus qu’un décor, c’est l’un des personnages principaux. Le respect de la mise en scène (et l’entretien sans produits chimiques mais à base d’insectes) est assuré par trois jardiniers dédiés. Pour façonner les murs végétaux qui encerclent volières, terrariums, bassins et enclos, on a fait venir plus de 20 000 plantes. Et les faux rochers en béton s’incrustent harmonieusement entre les troncs des 2 000 arbres qui ont été plantés en même temps que les premiers piliers.
«C’est l’une des raisons pour lesquelles le dôme est aussi haut: je ne voulais pas couper les cocotiers, figuiers et arbres du voyageur que nous sommes allés chercher aux Pays-Bas», explique encore le PDG. La végétation luxuriante renforce le sentiment exaltant de s’enfoncer dans la forêt tropicale aux sons des cris d’animaux et des dix-sept cascades. Mais on peut aussi prendre un peu de hauteur et rejoindre la passerelle suspendue à quinze mètres du sol pour observer, sous un autre angle, les deux cents espèces rares d’animaux qui peuplent cette jungle. Parmi les plus impressionnants: ces trois dragons de Komodo pour qui ont été installés des points chauffant à 50 degrés ; ces deux hippopotames pygmées, deux fois plus petits que ceux qu’on a l’habitude de voir dans la savane ; ce couple de loutres géantes formé ici l’an passé et qui devrait bientôt être capable de procréer, ou d’autres espèces uniques en France comme la harpie féroce (rapace le plus puissant du monde), le langur de Douc (magnifique primate asiatique) ou le dragon de Bornéo (lézard extrêmement rare). De l’Amérique du Sud à l’Asie en passant par l’Afrique, 24 000 poissons, 600 invertébrés, 200 oiseaux, plus de 300 amphibiens et reptiles et une centaine de mammifères se mélangent ou s’observent de loin, et bénéficient de l’attention de dix soigneurs.
«60 personnes travaillent chaque jour dans ce nouveau dôme»
Les plus aventuriers se précipiteront dans le tunnel grillagé pour attirer l’attention d’un des 22 petits saïmiris de Bolivie facétieux, ou sous le point de rassemblement des grosses chauves-souris tropicales. Les moins peureux s’agglutineront aux parois du bassin des alligators albinos et des piranhas, ou aux vitres des terrariums des deux espèces d’anacondas reposant sous la lumière des UV. Afin d’accueillir dans les meilleures conditions ses visiteurs, la famille Delord a aussi pensé à de nouvelles infrastructures adossées au dôme équatorial. Fidèle à ses exigences en matière de communication, de pédagogie… et de décoration, Delphine Delord a chiné murs de marbre balinais et suspensions en rotin pour faire du petit bar intérieur et des deux espaces de restauration adjacents à la serre, des lieux de convivialité bien éloignés des cantines touristiques. En outre, deux salles pédagogiques ont été dotées de terrariums et une magnifique boutique de 300 m2, entièrement décorée dans le pur style «green», se divise entre un coin librairie et un autre jonché de peluches, mugs ou briquets.
«Au total, 60 personnes travaillent chaque jour dans ce nouveau dôme. En donnant envie de venir à Beauval toute l’année, nous réduisons la saisonnalité et augmentons la possibilité d’offrir à nos salariés des contrats à durée indéterminée», se félicite Rodolphe Delord. Avec de tels investissements, ce haut lieu du tourisme français, l’un des douze les plus visités, classé quatrième plus beau parc zoologique du monde par les visiteurs de Tripadvisor, voit définitivement son quarantième anniversaire comme celui de la maturité.
Carnet de route
Y ALLER
En voiture: Zoo parc de Beauval, avenue du Blanc, 41 110 Saint-Aignan-sur-Cher (Loir-et-Cher). Situé au sud de Blois, entre Tours et Vierzon, il se trouve à 225 km de Paris. En train: gare SNCF de Blois (45 minutes du zoo en navette), Gare TGV de Saint-Pierre-des-Corps (55 minutes du zoo via l’A85) ou Gare TER de Saint-Aignan – Noyers-sur-Cher (8 km du zoo). En avion: l’aéroport Tours Val de Loire est le plus proche.
SÉJOURNER
Trois hôtels bordent le parc et une résidence hôtelière est à 3 km.
TARIFS
Un jour adulte: 34 € ; enfant de 3 à 10 ans: 27 €. Deux jours adulte: 51 €, enfant: 40,50 €.
SE RENSEIGNER
Le zoo est ouvert tous les jours à partir de 9 heures. Les horaires de fermeture varient selon les saisons. Tél: 02 54 75 50 00 ; zoobeauval.com
Photo : La végétation luxuriante de la serre donne l’impression de s’enfoncer dans la jungle. © ZooParc de Beauval