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Utilisée par Netflix, Uber et BlaBlaCar, la plateforme de paiement de cette entreprise néerlandaise a augmenté de 80% le volume de ses transactions, à 90 milliards de dollars l’an dernier. Valorisée plus de 2 milliards, cette Fintech rentable assure qu’elle diminue la fraude et améliore le taux de conversion de ses clients, commerçants en ligne et physiques.
Il y a des sodas à volonté, un barista à temps plein pour préparer thé et café, une cantine gratuite, des tables de ping-pong : nous ne sommes pas dans la Silicon Valley, mais à cinq minutes à pied d’Amsterdam Centraal Station, au siège d’Adyen. Probablement l’un des succès les plus discrets des startups de la technologie en Europe et de la Fintech en particulier, l’une des rares « licornes » du Vieux continent, ces entreprises en très forte croissance valorisées plus d’un milliard de dollars. Et pourtant, si vous avez récemment payé un Uber, un abonnement Netflix ou Spotify, une chambre sur Airbnb ou un covoiturage sur Blablacar, il y a de fortes chances que la transaction soit passée par la plateforme de cette entreprise néerlandaise, qui a séduit plus de 4.500 clients, dont Facebook, LinkedIn, Mango ou Burberry. Selon Adyen, un porteur de carte bancaire sur trois en France a utilisé sa plateforme l’an dernier.
« En 2016, notre entreprise a augmenté de 80% le volume de ses transactions, qui s’est élevé à 90 milliards de dollars » indique Ingo Uytdehaage, le directeur financier d’Adyen.
Soit un volume plus que multiplié par six en trois ans. Il ne communique pas sur le chiffre d’affaires, qui avait atteint 350 millions de dollars en 2015, mais confie :
« La croissance des volumes donne un ordre de grandeur de celle du chiffre d’affaires, même si ce n’est pas exactement le même pourcentage. Notre EBITDA [excédent brut d’exploitation, de 43 millions l’année précédente, NDLR] a progressé plus vite, nous avons augmenté notre profitabilité. Notre croissance est très saine ».
Fondée en 2006 par des experts des technologies de paiement, Adyen est rentable depuis 2011.
E-commerce, mobile et magasins physiques
Dans les bureaux de la grosse startup qui emploie 520 personnes, dont 300 au siège, et accueille 16 nouveaux arrivants par mois, un écran montre en temps réel les transactions réalisées un peu partout de Singapour à San Francisco en passant par Berlin et Paris : les logos de Visa et Mastercard surgissent en différents points du globe et des lignes tracent l’itinéraire du paiement. Adyen détient une licence en tant qu’institution de paiement de la banque centrale des Pays-Bas, qui lui permet d’opérer dans tout l’espace économique européen.
« Nous avons aussi des licences au Brésil, en Australie, aux États-Unis, à Hong Kong, etc. : cela nous permet de réaliser davantage de paiements pour les grandes entreprises multinationales et de travailler avec les commerçants locaux dans ces marchés » précise Roelant Prins, le responsable commercial.
Fintech Adyen temps reel
Conçue au départ pour l’e-commerce, la plateforme d’Adyen est totalement « omnicanale » : depuis l’an dernier, l’entreprise a lancé une offre pour les points de vente, avec un terminal de paiement classique fourni par Verifone (concurrent du français Ingenico), utilisée dans 2.700 magasins dans le monde, et qui représente un peu moins de 10% de ses revenus. Cette jonction avec le monde physique lui a permis de signer de nombreux distributeurs, dont en France Etam, Celio, Sarenza, Fast Retailing (Princesse Tam Tam et Comptoir des cotonniers) ou Sézane.
« Nous sommes les seuls à proposer cette plateforme unique pour le web, le mobile, et qui inclut aussi les magasins physiques. Nous récupérons énormément de données, directement de Visa ou Mastercard, notamment pour savoir pourquoi une transaction est rejetée. Selon une étude de Forrester, le taux de conversion s’améliore en moyenne de 1,4% pour nos clients et les impayés diminuent en moyenne de 27%. Cela leur fait gagner des millions de dollars de revenus additionnels » fait valoir Roelant Prins.
[Les données de paiement des clients sur tous les canaux de vente et dans tous les pays sont regroupés dans un seul système]
Remplacer les banques
Adyen se pose en concurrent du géant First Data, de PayPal (sa filiale Braintree en particulier) ou d’une autre licorne, américaine, Stripe, récemment valorisée 9 milliards de dollars. Ou de WorldPay, qui avait racheté Bibit la plateforme de paiement en ligne créée par les cofondateurs à la fin des années 1990.
« Nous avons conçu une infrastructure unique qui recouvre la totalité du flux de paiement. Ce n’est pas une couche logicielle au-dessus de l’ancien système, comme Stripe, qui travaille surtout avec les startups et le monde de la tech. Nous éliminons les inefficiences, le taux d’échec des transactions, nous travaillons avec de plus gros commerçants » compare le Chief Commerce Officer.
Adyen Roelant Prins CCO
[Roelant Prins, le Chief Commerce Officer, devant la charte d’Adyen, au siège]
La stratégie d’Adyen consiste à contrôler la chaîne de valeur des paiements de bout en bout. Le cofondateur, Pieter van Does, n’a jamais caché son ambition de « remplacer les banques » : Adyen travaille directement avec Visa et Mastercard et se positionne comme un « acquéreur » monétique (l’institution financière chargée de la collecte d’argent dans le cadre d’une vente à distance ou via un terminal physique), en concurrence frontale avec les banques en France.
« C’est vrai, nous avons les mêmes clients. Nous sommes une société technologique, les banques ne le sont pas. Nous pouvons intégrer rapidement n’importe quel nouveau moyen de paiement comme Apple Pay, Alipay ou WeChat Pay, nous traitons 250 moyens de paiement différents et plus de 180 devises » fait valoir Roelant Prins.
Ni acquisition ni IPO
C’est tout l’enjeu : traiter de plus en plus de flux de ses très gros clients tout en poursuivant son expansion dans de nouveaux pays. Pas de croissance externe prévue pour aller plus vite : « Nous n’avons pas un système d’information spaghetti, un empilement de plateformes. C’est pour cela que nous ne ferons jamais d’acquisition » répond, catégorique, le directeur financier, qui prône « une croissance raisonnable » :
« Une introduction en Bourse n’est pas prévue, ce ne serait pas le bon moment. Cela risquerait de détourner l’attention du management : notre priorité c’est l’exécution de notre expansion mondiale » argue le directeur financier. « Nous sommes rentables et nous n’avons pas besoin de plus de capitaux. C’est notre différence avec les startups de la Silicon Valley qui sont très dépendantes des levées de fonds auprès des VC ou en Bourse. Nous avons des investisseurs de long terme qui ne sont pas pressés du tout. »
Adyen a levé plus de 266 millions de dollars auprès des fonds Index Ventures et General Atlantic et un montant non communiqué auprès du fonds prestigieux Iconiq, qui compte Mark Zuckerberg et Jack Dorsey parmi ses investisseurs, sur la base d’une valorisation de 2,3 milliards de dollars. En revanche, la pépite européenne pourrait intéresser de nombreux acteurs aux poches profondes très intéressés par le paiement, tels que Google, Apple ou Amazon.