Le groupe hôtelier Marriott est attaqué en justice par le procureur général de Washington pour sa politique de prix, qualifiée d’opaque. Un épisode qui risque de ternir à nouveau l’image de la marque, après la cyberattaque qui a touché plusieurs centaines de millions de ses clients en décembre dernier.
Marriott est dans le viseur du procureur général de Washington, qui accuse les hôtels du groupe de dissimuler le véritable prix de leurs chambres et de prélever des frais indus pour augmenter ses profits. Karl Racine a déposé une plainte devant les tribunaux locaux mardi contre le géant hôtelier. Dans sa plainte, le procureur affirme que la chaîne hôtelière a une politique de prix opaque. Concrètement, elle indiquerait un prix en ligne souvent très différent de la somme payée par le client au moment de finaliser sa réservation. D’après le magistrat, les hôtels Marriott font payer au client des frais “obligatoires”, baptisés “resorts fees” ou “destinations fees”. Ils correspondent à des services de base (wi-fi, salle de sport…) disponibles sur les sites. Ces frais sont inclus dans la rubrique “taxes” dont le client doit s’acquitter, ce qui rend difficile toute protestation.
AG Karl A. Racine✔@AGKarlRacine
#BREAKING: Today I am suing Marriott International for charging consumers deceptive “resort fees” when booking hotel rooms.
Through these fees, Marriott hides the true price of rooms and misleads consumers to increase company profits: http://bit.ly/2G1QRmw 1 24618:35 – 9 juil. 2019Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité439 personnes parlent à ce sujet
« Au moins 189 propriétés Marriott à travers le monde prélèvent ces frais cachés, qui vont de 9 à 95 dollars par chambre et par jour », assure le procureur dans sa plainte. « Les pratiques déloyales, fallacieuses et trompeuses de Marriott et le fait qu’il n’ait pas dévoilé ces frais ont affecté les consommateurs », fustige le procureur. Le procureur demande en outre des compensations financières, estimant que la chaîne hôtelière a récolté des centaines de millions de dollars en bénéfices en trompant les consommateurs sur le véritable prix de ses chambres. Contactés par l’AFP, les hôtels Marriott, dont la politique de prix, comme celle de leurs concurrents, est dans le viseur des Etats américains, ont indiqué qu’ils ne commentaient les procédures judiciaires en cours.
Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour Marriott
Cette poursuite fait suite à une enquête sur les pratiques de tarification de l’industrie hôtelière menée par les procureurs généraux dans les 50 États et le district de Columbia, précise le procureur dans un communiqué. C’est un nouveau coup pour l’image de Marriott, déjà victime en décembre dernier d’un piratage concernant plusieurs centaines millions de clients. L’autorité britannique de protection des données a déclaré il y a deux jours son intention d’infliger au géant hôtelier une amende de 99 millions de livres sterling (123 millions de dollars) pour une atteinte à la protection des données qui a exposé jusqu’à 383 millions de visiteurs. D’après un article de Tech Crunch, l’infraction a touché environ 30 millions de résidents de l’Union européenne, selon l’OIC (Information Commissioner’s Office, organisme public du Royaume-Uni), qui a confirmé l’amende proposée dans une déclaration mardi. Le groupe hôtelier a indiqué son intention de “répondre et de se défendre vigoureusement”. Dans le cadre du nouveau règlement RGPD, l’OIC a en effet le droit d’infliger des amendes allant jusqu’à 4% du chiffre d’affaires annuel d’une entreprise. Marriott ayant réalisé des revenus d’environ 3,6 milliards de dollars en 2018, l’amende de l’OIC représenterait environ 3% des revenus mondiaux de l’entreprise, selon les estimations de Tech Crunch. Le 8 juillet, British Airways a de son côté écopé de 200 millions d’euros d’amende pour un vol de données par le même organisme britannique chargé de la protection des données personnelles.